Cours de chimie Organique - G. Dupuis - Lycée Faidherbe de Lille



Halogénures d'acyles, anhydrides d'acides, cétènes


Nomenclature

Définitions

Formule

Composé

cétène

anhydride

halogénure d'acyle

Halogénures d'acyles
Le nom d'un groupe acyle s'obtient en remplaçant la terminaison oïque de l'acide par la terminaison oyle. Le nom de l'halogénure est obtenu en faisant suivre le mot désignant l'halogénure (fluorure, chlorure, bromure, iodure) de celui désignant le groupe acyle.

chlorure de butanoyle

bromure d'hexa-4-énoyle

L'enchainement X-CO- où X est un halogène est appelé halogénoformyle. Lorsque ce groupe n'est pas prioritaire, il est considéré comme un susbstituant. L'atome de carbone du groupe ne fait pas alors partie de la chaîne principale.

acide 3-chloroformylpropanoïque

Anhydrides d'acides

anhydride éthanoïque

anhydride éthanoïque et propanoïque

  • Série cyclique
    Les composés cycliques sont nommés de préférence comme des anhydrides et non comme des hétérocycles

anhydride butane-1,4-dicarboxylique

anhydride pentane-1,5-dicarboxylique

Propriétés physiques

Anhydrides

Composé

anhydride éthanoïque

anhydride propanoïque

TE (° C)

140

168

Halogénures d'acyles
Ce sont des composés polaires dont la température d'ébullition est légèrement supérieure à celle des alcanes de même masse molaire, mais nettement inférieure à celles des acides carboxyliques. A la différence de ces derniers, il n'y a pas d'association par liaison hydrogène.

Composé

chlorure d'éthanoyle

chlorure de propanoyle

TE (° C)

52

80

Le dichlorure d'acyle de l'acide carbonique ou phosgène est un composé gazeux à la température ordinaire qui fut utilisé comme gaz de combat pendant la première guerre mondiale.
On le prépare par réaction entre le dichlore et le monoxyde de carbone.
Le phosgène est utilisé comme produit de base dans l'industrie chimique en raison de sa grande réactivité. Un exemple d'application est la synthèse de la
cétone de Michler.

Spectroscopie

Spectroscopie infrarouge

Groupe fonctionnel

C = O

C-Cl

s (cm-1)

1785 - 1815

875

La conjugaison entre le chlore et le carbonyle entraîne pour ce dernier un effet hypsochrome par rapport au groupement carbonyle d'une cétone. La vibration d'élongation de C-Cl, présente un harmonique vers 1745 cm-1

Il est intéressant de comparer les absorptions du groupement carbonyle des cétones, des esters et des anhydrides.

Groupe fonctionnel

cétones

esters

anhydrides

s (cm-1)

1705 - 1725

1735 - 1750

1800 - 1850

Spectroscopie de RMN

Dérivés importants

Les halogénures d'acyles et les anhydrides sont des produits de synthèse. Il existe plusieurs méthodes de préparation :

Anhydride acétique

Anhydride éthanoïque


L'anhydride acétique peut être préparé par acylation des ions éthanoate par le chlorure d'éthanoyle.

Anhydride phtalique

Anhydride phtalique


L'anhydride phtalique est préparé par déshydratation de l'acide phtalique à 200 °C. La réaction avec le glycérol permet la préparation de résines glycérophtaliques. Ces polymères tridimensionnels, entrent dans la composition des peintures et des vernis.

Anhydride maléique

Anhydride maléique

L'anhydride maléique est préparé par oxydation du benzène. C'est un excellent diénophile dans les réactions de Diels-Alder.
Ce composé esr utilisé pour réticuler les résines polyesters. L'hydrolyse suivie d'hydrogénation fournit l'acide succinique.

Cétènes

Cétène

Le plus simple des cétènes est préparé par déshydratation de l'acide éthanoïque.

Parmi les méthodes de préparation des cétènes, on peut citer :

Les cétènes sont des composés très réactifs qui sont souvent préparés au moment de leur utilisation. Il s'agit de composés toxiques. Le plus simple des cétènes a une toxicité comparable à celle du phosgène.

Etat naturel

Cantharidine

Cantharidine


La cantharidine est un composé de type terpénoïde comportant une structure tricyclique. Ce composé, longtemps réputé pour ses vertus aphrodisiaques a été extrait au début du 19ème siècle d'un scarabée (spanish fly) par Robiquet.
Malgré les apparences, sa synthèse n'est pas chimiquement évidente car une réaction de Diels-Alder entre le furane et le dérivé diméthylé de l'anhydride maléique ne convient pas car l'équilibre est très défavorable au produit.

Réduction des dérivés d'acides

Réduction en aldéhyde
La réaction de Rosenmund était autrefois la seule méthode permettant la réduction des chlorures d'acyles en aldéhydes. Elle consiste à utiliser le dihydrogène en présence de Pd de Lindlar (Pd précipité sur un support de sulfate de baryum et empoisonné par PbOAc2 et la quinoléine). Il est moins actif que Pd/C.

On a mis au point des hydrures moins réactifs que LiAlH4 afin d'éviter l'oxydation de l'aldéhyde en alcool. On les obtient en faisant réagir LiAlH4 avec un alcool. L'hydrure modifié ne possède plus qu'un seul ion H- libérable. Le produit formé ne peut plus être réduit. Les chlorures d'acyles sont réduits en aldéhyde par LiAl[OC(CH3)3]3H.

Rappelons que les
esters sont réduits en aldéhydes par le bis (2-méthylpropyl)-aluminium Al(i-Bu)2H (diisobutylaluminium : DIBAL-H). Il faut travailler à température assez basse (-60 °C).

Réactions d'additions-éliminations au niveau du carbonyle

Mécanisme général
L'addition d'un nucléophile symbolisé par Nu-, conduit à un intermédiaire tétraédrique moins stable que les réactifs de départ. La double liaison entre le carbone et l'oxygène a été remplacée par deux liaisons simples dont l'énergie de dissociation est moindre. La vitesse à laquelle l'intermédiaire se fragmente pour donner le produit final dépend du caractère nucléofuge de Z-.

Classement des réactivités
La réactivité du substrat est d'autant plus élevée que l'atome de carbone fonctionnel est plus électrophile. Il est intéressant d'effectuer la comparaison des longueurs de liaison entre l'atome de carbone et le groupement Z dans le cas des chlorures d'acyles et des esters. On obtient les résultats suivants :

Groupe Z

d (C-Z) (nm) dans RZ

d (C-Z) (nm) dans RCOZ

-Cl

0,178

0,179

-OCH3

0,143

0,136

Dans un ester(C = OR), on observe une diminution de la longueur de liaison, ce qui témoigne d'une conjugaison importante entre le doublet non liant porté par Z et le groupe carbonyle. Dans un halogénure d'acyle, (Z = Cl) la longueur de liaison est quasiment la même dans les deux cas, ce qui témoigne du faible poids des formes mésomères dans lesquelles Cl est doublement lié. La résonance est peu importante.
On interprète ainsi le fait que les chlorures d'acyles sont plus réactifs que les esters. Dans un anhydride, la conjugaison du doublet de l'atome d'oxygène central se partage entre deux groupes carbonyles. La réactivité est plus grande que celle d'un ester mais inférieure à celle d'un chlorure d'acyle.

Si l'on se réfère au mécanisme général d'addition-fragmentation vu plus haut, on voit que la vitesse avec laquelle se décompose l'intermédiaire tétraédrique joue également un rôle important. On peut prévoir que les chlorures d'acyles seront de ce point de vue plus réactifs que les esters car l'ion chlorure est un meilleur nucléofuge qu'un ion alcoolate (c'est une base beaucoup plus faible). De ce point de vue, les intermédiaires formés à partir des amides sont les moins labiles car les ions amidures sont de très mauvais nucléofuges.

Hydrolyse
Les chlorures d'acyles réagissent violemment avec l'eau. La réaction totale, conduit à l'acide et s'accompagne d'un dégagement de HCl en partie piégé par la solution aqueuse. Cette réaction possède peu d'intérêt pratique.

La réaction d'hydrolyse précédente est responsable du brouillard formé lorsqu'on débouche une bouteille de d'halogénure d'acyle dans l'air chargé d'humidité.

Alcoolyse
Les réactions
d'acylation des alcools par les chlorures d'acyles et les anhydrides ont été étudiées dans le chapitre sur les alcools. Rappelons qu'il s'agit de réactions à la fois rapides et totales. Elles constituent d'excellentes méthodes de préparation des esters.

Les alcools tertiaires peuvent également être estérifiés par un mécanisme de type AAL1.

L'acylation d'alcools difficiles à estérifier peut être réalisée en utilisant la diméthylaminopyridine (DMAP) comme catalyseur.

Macrolactonisation
Alors que la lactonisation des acides-alcools avec formation de cycles à 5 ou 6 chaînons est un processus spontané, la formation de
lactones à grands cycles est très défavorisée par cette voie. La réaction peut s'effectuer après avoir activé la fonction acide sous forme d'anhydride au moyen du chlorure de 2,4,6-trichlorobenzoyle (2,4,6-TCB). C'est la réaction de macrolactonisation de Yamaguchi.

La cyclisation peut ensuite avoir lieu. Elle est réalisée en utilisant une dilution assez grande de façon à minimiser les réactions intermoléculaires. La DMAP est un excellent catalyseur dans ce type de réactions.

Macrolactamisation
La réaction entre un azide et un anhydride préparé à partir de l'acide correspondant et du chlorure de 2,4,6-trichlorobenzoyle (2,4,6-TCB) constitue une synthèse de
macrolactame [46]. Cette réaction est catalysée par la DMAP.

L'exemple suivant concerne la synthèse de l'arénastatine, un composé naturel produit par une éponge marine, qui possède d'intéressantes propriétés cytotoxiques [43].

Une autre synthèse de ce composé met en jeu comme étape clé, une réaction de métathèse cyclisante.

Réactions avec les phénols
L'acylation des phénols est réalisable à l'aide des halogénures d'acyles ou des anhydrides. En revanche, les acides carboxyliques ne sont pas des réactifs acylants assez puissants pour acyler les phénols. La réaction entre l'anhydride éthanoïque et
l'acide salicylique permet la préparation de l'aspirine.

L'acylation de phénols encombrés comme le mésitol peut être accélérée en utilisant la DMAP comme catalyseur.

Réactions avec les amines
Les
amines primaires et secondaires sont acylables par les chlorures d'acyles et les anhydrides. On obtient un amide. Ces réactions d'acylation ont été vues dans le chapitre consacré aux amines. Les amines tertiaires ne sont pas acylables et sont souvent utilisées comme piège à protons dans ces réactions.

La réaction entre une amine et un chlorure d'acyle ou un anhydride permet la protection de la fonction amine sous forme d'amide.

Préparation des oxazolidinones
L'exemple suivant concerne la préparation d'un composé de ce type. On utilise ici le S-phénylalanol comme composé de départ. Ce dernier peut être préparé par réduction d'un aminoacide, la S-phénylalanine, au moyen du complexe
diborane-diméthylsulfure.

L'acylation de l'oxazolidinone peut être effectuée au moyen d'un chlorure d'acyle.

En utilisant d'autres aminoacides, on obtient des composés diversement substitués en position 4. Très récemment, on a pu préparer des oxazolidinones avec d'excellents excès énantiomériques en utilisant l'amination énantiosélective de Sharpless. Les oxazolidinones substituées sont utilisées comme auxilliaires chiraux en synthèse asymétrique par la méthode d'Evans.

Additions de composés organométalliques

Composés organomagnésiens
La
préparation des organomagnésiens a été vue dans le chapitre consacré aux organométalliques.

La réaction est très comparable à celle qu'on observe avec les esters. L'addition de l'organométallique sur le chlorure d'acyle conduit à un intermédiaire tétraédrique instable et labile car l'ion chlorure est un bon nucléofuge. Cet intermédiaire se décompose pour donner une cétone. Comme les cétones réagissent rapidement avec l'organométallique, on obtient finalement un alcool tertiaire.

Les anhydrides réagissent d'une façon analogue. Il est cependant possible de synthétiser une cétone en utilisant d'autres stratégies :
  • lorsque la température est suffisamment basse (- 100 °C) en utilisant le THF anhydre comme solvant, le chlorure d'acyle réagit plus vite que la cétone vis à vis de l'organomagnésien ;
  • utiliser un cuprate lithien ;
  • une méthode plus ancienne consiste à utiliser un organocadmien permet de s'arrêter au stade de la cétone car celles-ci ne réagissent pas avec les cadmiens.

Mais l'une des meilleures méthodes consiste à passer par l'intermédiaire d'un amide de Weinreb.

Carbonatation des organomagnésiens et des organolithiens
Le dioxyde de carbone peut être considéré comme l'anhydride de l'acide carbonique. Sa réaction avec un
organomagnésien constitue une excellente méthode de synthèse des acides carboxyliques. L'addition de l'organomagnésien sur l'atome de carbone électrophile de CO2 conduit à un composé qui comporte encore une insaturation. Bien que l'addition d'une deuxième molécule de magnésien sur cet intermédiaire soit généralement beaucoup plus lente que la première, on peut s'en affranchir complètement en travaillant avec un excès deCO2.

D'un point de vue expérimental, CO2 sous forme de carboglace est placé dans un bécher (sur la photo de gauche, il s'agit des cylindres au fond du bécher). La solution d'organomagnésien est versée avec précautions sur la carboglace (l'agitateur sert à guider le liquide). L'adduit se présente sous la forme d'un composé visqueux qui est ensuite hydrolysé dans un deuxième temps.

Après acidification, on obtient l'acide.

Un exemple est la préparation de l'acide bicyclo[2,2,1]heptan-1-oïque [3].

Voici un autre exemple dans lequel la fonction cétone est préalablement protégée par formation d'un acétal.

La réaction avec les lithiens est tout à fait comparable mais ceux-ci étant plus réactifs que les magnésiens la réaction avec le sel intermédiaire devient importante si le lithien est en excès. On obtient alors après hydrolyse l'alcool tertiaire.

Les organozinciques ne réagissent pas avec CO2. Cela permet de les préparer en utilisant une atmosphère de ce gaz. La carbonatation des magnésiens dérivant de composés aromatiques est une méthode intéressante d'introduction d'un groupe carboxyle sur un cycle aromatique.

Cuprates lithiens
De même que dans la réaction précédente, l'addition d'un
organolithien sur un chlorure d'acyle fournit un alcool tertiaire. On peut obtenir un bon rendement en cétone en utilisant un organocuprate moins réactif qu'un organolithien et qui ne réagit pas avec la cétone.

Composés organocadmiens
Les
organocadmiens sont généralement obtenus facilement par transmétallation entre un organomagnésien et un halogénure de cadmium.

La réaction entre les organocadmiens et les chlorures d'acyles permet de préparer des cétones. Comme les organocadmiens sont moins réactifs que les organolithiens et les organomagnésiens la cétone formée ne réagit pas avec l'organométallique. La réaction est souvent conduite dans un solvant hydrocarboné comme le benzène ou le toluène ce qui permet d'avoir une température de réaction plus élevée que dans l'éther et donc une plus grande vitesse.

Cette méthode est assez ancienne. De nos jours, la préparation de cétones à partir d'organomagnésiens ou d'organolithiens est réalisée avec un excellent rendement en utilisant un amide de Weinreb.

Réactions mettant en jeu des ions acylium

Acylation des doubles liaisons éthyléniques
En présence d'un acide de Lewis comme AlCl3, un chlorure d'acyle est une source
d'ions acylium.

Ces derniers sont suffisamment électrophiles pour réagir avec les liaisons éthyléniques. L'addition fournit une a-chlorocétone.

L'a-chlorocétone subit généralement une réaction d'élimination qui conduit à une a-énone.

Acylation des composés aromatiques
La réaction
d'acylation de Friedel et Crafts a été étudiée dans le chapitre consacré aux composés aromatiques.

Réactions au voisinage du carbonyle

Elimination
La synthèse des cétènes peut être réalisée en effectuant une réaction d'élimination à partir d'un chlorure d'acyle. L'exemple suivant concerne la synthèse du dichlorocétène.

La synthèse du diphénylcétène est décrite à la référence[31].

Condensation de Perkin
Cette réaction a été découverte par W. H. Perkin en 1877. On peut la regarder comme une oléfination des aldéhydes aromatiques. L'exemple suivant concerne la synthèse de l'acide cinnamique.

Cette réaction n'est pas fréquemment employée en synthèse, notamment en raison de son manque de stéréosélectivité. Il existe à l'heure actuelle des méthodes beaucoup plus performantes permettant de contrôler la stéréosélectivité de l'oléfination des aldéhydes. Parmi les plus connues figurent la réaction de
Wittig et l'une de ses variantes, la réaction de Horner-Wadsworth-Emmons.

On obtient les diastéréoisomères Z et E. La diastéréosélectivité n'est pas très élevée (E : Z = 3 : 1).

Examinons le mécanisme dans le cas de la synthèse de l'acide cinnamique.

  • une base comme l'ion carbonate permet de déprotoner l'anhydride acétique ;

  • le carbanion formé réalise une addition nucléophile sur le carbone électrophile du benzaldéhyde ;

La réaction présente une certaine analogie avec la condensation de Stobbe des esters. Lorsque le substrat est un phénol portant le groupement aldéhyde en position 2, comme l'aldéhyde salicylique, la réaction peut se poursuivre par une réaction de cyclisation. On a ainsi un moyen d'accès facile à la coumarine qui est une lactone insaturée utilisée en parfumerie.

L'aldéhyde salicylique lui même, peut être obtenu à partir du phénol par la réaction de Reimer-Tiemann.

On trouvera un mode opératoire de la synthèse de l'acide cinnamique dans [10].

Préparation des a-diazocétones
La réaction entre un chlorure d'acyle et le
diazométhane conduit à une addition-élimination.

En l'absence d'une base comme la triéthylamine, l'ion chlorure déplace l'azote, qui est un excellent nucléofuge, pour fournir une cétone a-halogénée.

Si l'on opère en présence d'une base comme la triéthylamine qui piège l'acide formé, on obtient une a-diazocétone.

La structure d'une a-diazocétone peut être décrite par les formes résonantes suivantes.

.

On est donc en présence d'un ylure. Ce dernier est relativement stable grâce à la présence du groupe carbonyle attracteur.
Comme tous les composés conjugués de ce type, les a-diazocétones, existent sous deux conformations privilégiées s-cis (I) et s-trans (II).

Transposition de Wolff
En présence de Ag2O utilisé comme catalyseur, ou par irradiation, l'a-diazocétone perd du diazote dans une réaction d'élimination et fournit un carbène.

Ce dernier subit une transposition de Wolff ce qui conduit à un cétène.

On notera la parenté entre cette réaction et la transposition de Curtius qui conduit aux isocyanates à partir des azotures d'acyles.

Seuls les cétènes stables comme le diphénylcétène peuvent être isolés dans cette réaction. La plupart du temps, le cétène réagit avec un nucléophile présent dans le milieu comme on va le voir ci-dessous.

Réaction de Arndt-Eistert
L'ensemble des réactions étudiées précédemment :

constitue une méthode d'élongation de chaîne carbonée et porte le nom de synthèse de Arndt-Eistert. En milieu aqueux, on obtient un acide carboxylique possédant un atome de carbone de plus que le chlorure d'acyle de départ.

Si l'on utilise un alcool à la place de l'eau, on obtient un ester.

L'exemple suivant concerne une étape de la synthèse de l'équilénine, une hormone sexuelle (Bachmann, 1939. [47])

En présence d'une amine, on obtient un amide.

La réaction peut aussi être utilisée pour contracter un cycle.

Réaction d'additions sur les cétènes

Cycloadditions des cétènes avec les composés éthyléniques
Du point de vue stéréochimique, les substituants sont en position
cis dans la cyclobutanone. La réaction entre l'éthoxyxétène et les stéréoisomères du but-2-ène fournit des produits diastéréo-isomères. La réaction est donc diastéréospécifique.

Ces résultats peuvent être interprétés par une cycloaddition concertée. D'après les règles de Woodward-Hoffmann, une addition de type [2 + 2] est possible par un processus de type supra-antara. A cette disposition orthogonale des liaisons, correspond l'état de transition ci-dessous dans lequel les groupes R1 et R2 sont les plus éloignés possibles afin de minimiser les contraintes stériques.

Le déroulement stéréochimique de la réaction est représenté ci-dessous dans le cas d'un éthylénique et d'un cétène monosubstitués.

Théorie et expérience s'accordent vis à vis du produit de cette réaction qui est une cyclobutanone dont les substituants sont en relation cis.

L'addition de cétènes substitués a été mise à profit pour effectuer la synthèse de composés comportant des cycles à quatre chaînons. L'exemple ci-dessous est une étape de la préparation de la prostaglandine PGF2a par E. J. Corey en 1970.

La synthèse débute par l'addition du dichlorocétène sur le cyclopentadiène.

Une réaction d'élimination par le zinc permet d'éliminer les atomes de chlore.

La suite de la synthèse se poursuit par une oxydation de Baeyer-Villiger qui permet l'agrandissement du cycle et l'obtention d'une lactone.

Cycloadditions des cétènes avec les imines
La réaction de Staudinger est une cycloaddition [2+2] entre une
imine et un cétène qui permet la synthèse des cycles b-lactames qui constituent le squelette des pénicillines et des céphalosporines.

Une version diastéréosélective de cette réaction a été développée qui utilise comme auxilliaire chiral une oxazolidinone d'Evans [43].

Bibliographie

Ouvrages expérimentaux

[1] Manuel d'expériences de chimie - UNESCO Société chimique de France - Université de Montpellier.
[2] P. Rendle, M. V. Vokins, P. Davis, Experimental Chemistry (Edward Arnold).
[3] L. F. Fieser, K. L. Williamson - Organic Experiments (D. C. Heath and Company).
[4] R. Adams, J. R. Johnson, C. F. Wilcox - Laboratory Experiments in Organic Chemistry (The Macmillan Company, Collier-Macmillan Limited).
[5] G. K. Helmkamp, H. W. Johnson Jr, Selected Experiments in Organic Chemistry (W. H. Freeman and Co).
[6] Vogel's Textbook of Practical Organic Chemistry (Longman).
[7] J. R. Mohrig, D. C Neckers, Laboratory Experiments in Organic Chemistry (D. Van Nostrand Company).
[8] R. Q. Brewster, C. A. Van der Werf, W. E. Mc Ewen, Unitized Experiments in Organic Chemistry (D. Van Nostrand Company).
[9] F. G. Mann, B. C. Saunders, Practical Organic Chemistry (Longman).
[10] M. T. Yip, D. R. Dalton, Organic Chemistry in the Laboratory (D. Van Nostrand Company).
[11] Miller, Neuzil, Modern Experimental Organic Chemistry (DC Heath, 1982)

Ouvrages théoriques

[13] A. Streitwieser Jr, C. H. Heathcock - Introduction to Organic Chemistry, Macmillan Publishing Co.
[14] J. March - Advanced organic chemistry, Wiley Interscience.
[15] F. A. Carey, R. S. Sunberg - Advanced Organic Chemistry, Plenum Press 1990.
[16] V. Minkine - Théorie de la structure moléculaire, Editions Mir 1979.
[17] N. T. Ahn - Introduction à la chimie moléculaire, Ellipses 1994.
[18] R. Brückner - Mécanismes réactionnels en chimie organique, De Boeck Université 1999.
[19] R. B. Woodward, R. Hoffmann, The conservation of Orbital Symmetry (Verlag Chemie, Weinheim 1970).
[20] P. Laszlo - Logique de la synthèse organique. Cours de l'Ecole Polytechnique, Ellipses, 1993.
[21] P. Atkins - Molecular Quantum Mechanics, Oxford University Press 1983.
[22] J. -L. Rivail - Eléments de chimie quantique à l'usage des chimistes, InterEditions du CNRS, 1989.

Liens

[26] 2-hydroxycyclodécanone by Norman L. Allinger Organic Syntheses, CV 4, 840
[27] Cyclodécanone by Arthur C. Cope, John W. Barthel, and Ronald Dean Smith Organic Syntheses, CV 4, 218
[30] Transestérification
[31] Diphénylcétène
[41] Ricinelaidic acid lactone by Adolf Thalmann, Konrad Oertle, and Hans Gerlach

Articles

[35] Catalysis by 4-dialkylaminopyridines by D. J. Berry and coll.
[36] Perkin, Sir, William Henry
[37] Perkin reaction
[38] Furylacrylic acid
[39] Ethyl diacetylacetate by A. Spassow
[40] Ethyl-1-naphtylacetate ; Arndt Eistert reaction
[42] Acetylformic anhydride
[43] Synthèse de l'arénastatine
[44] The asymmetric synthesis of b-lactam antibiotics D. A. Evans, E. B. Sjogren, Tetrahedron Lett., 26, 3783 (1985) idem, ibid., 26, 3787 (1985).
[45] Charette
[46] Lactamization of 11-Azidoundecanoic Acid Derivatives – DMAP as Catalyst by I. Bosch, P. Romea, F. Urpi, and J. Vilarrasa, Tetrahedron Lett., 34, 4671 (1993)
[47] Bachmann, W. E.; Cole, W.; Wilds, A. L. J. Am. Chem. Soc. 1939, 61, 974-975.


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Texte, dessins, photographies : Gérard Dupuis - Lycée Faidherbe de LILLE
février 2014